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Là où les chiens aboient par la queue

               de Estelle-Sarah Bulle

Cette jeune romancière est de père antillais, ce qui explique que la narratrice de ce premier roman est une jeune antillaise née dans les années 70 en métropole  qui recueille les propos de sa tante Antoine.

Cette dernière est née en Guadeloupe dans un tout petit village « là où les chiens aboient par la queue », un trou perdu.  A seize ans,  à la  mort de sa mère, révoltée par l’attitude des siens, elle fuit  à Pointe-à-Pitre où, à force de courage et de débrouillardise, elle crée un commerce, puis à Paris où elle fait de même. La narratrice interroge aussi son propre père et son autre tante.

A travers les récits croisés de ces fortes personnalités et ce dispositif  d’écriture qui leur donne tour à tour la parole, et une parole haute en couleur, en expressions locales, en franc parler, la narratrice nous conte une Guadeloupe riche, complexe et envoûtante.

Elle nous montre comment le souvenir de l’esclavage et des colons est vivant, combien les rites, les interdits sociaux et les croyances dominent les vies et comment les désirs d’évasion des jeunes en pleine quête d’identité les conduisent à fuir l’enfermement de l’île pour aller vers un mirage car, à Paris, leurs vies sont difficiles et douloureuses.

Mais le  récit n’est pas larmoyant, on passe sans cesse de la tragédie au burlesque, de la mélancolie à la gaieté. Et c’est la langue surtout qui enchante, truculente, crue, un français coloré, chahuté, enrichi  à la fois par le rhum, les fêtes  et les  chansons et par le manque d’école, la nonchalance et le désespoir.

BULLE Estelle-Sarah, Là où les chiens aboient par la queue, Liana Levi, 2018

Lecture proposée par le Caveau des Lettres

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