S’imaginer AUTOCHTONE en lisant.

                               ÉPISODE 4 :                                                                                                   Canada

 

PAYER LA TERRE, un album de Joe Sacco

En 2015, Joe Sacco s’est rendu par deux fois dans les territoires du Nord-Ouest du Canada, au-dessous de l’Arctique. Il est allé à la rencontre des Denes, un peuple autochtone. L’auteur nous raconte l’histoire de ce peuple, ses traditions, restées intactes pour certaines, les premières rencontres avec les Anglais.
Pendant longtemps, les peuples indigènes du Grand Nord, vivant sur des terres non propices à la colonisation agricole, restèrent livrés à eux-mêmes, jusqu’à ce que la découverte de pétrole et d’or incite le gouvernement à officialiser son autorité sur eux, comme sur leurs terres. À cette période, les autorités s’appropriaient les territoires, non plus par les massacres, mais cliniquement, méthodiquement, et de façon administrative – grâce à des traités.
En lisant ceux-ci, on n’échappe pas à l’impression que les «Indiens» ont donné la terre où ils vivaient en échange de la promesse d’une annuité de quelques dollars, de quelques outils et de médailles pour ceux qui se disaient leurs chefs. Aujourd’hui, la fracturation hydraulique ajoute la pollution à la spoliation initiale.

 

UNE SAISON DE CHASE EN ALASKA, de Zoé Lamazou et Victor Gurrey

Une journaliste et un dessinateur partent pour trois mois à l’extrême nord de l’Alaska, en immersion auprès des derniers chasseurs de baleines.
Ils veulent constater sur le terrain la révolution qui s’opère dans cette région polaire où la vie traditionnelle résiste encore tant bien que mal. Un nouvel eldorado pétrolier très convoité, des autoroutes maritimes bientôt accessibles, des ports gigantesques : comment les Iñupik, occupants millénaires de ces terres arctiques, envisagent-ils l’avenir qui leur est imposé ?
Zoé Lamazou et Victor Gurrey ont partagé le quotidien des habitants de Point Hope durant une saison de chasse. Ils nous livrent des témoignages émouvants sur un monde en mutation, menacé.

 

La TRILOGIE de Michel Jean

 

 

 

 

 

Autochtone innu de Mashteuiatsh, sur les rives de Pekuakami, le lac Saint-Jean, au Québec, Michel Jean est écrivain et journaliste. Il a d’abord écrit KUKUM, l’histoire de son arrière-grand-mère, Almanda, sa kukum, qui, orpheline, élevée par des fermiers, quitte les siens, par amour pour un jeune chasseur innu, Thomas, et rejoint le clan des Atuk-Siméon dont elle partagera le quotidien en forêt.  ATUK raconte l’histoire de sa grand-mère, la fille d’Almanda, MAIKAN celle des pensionnats. En 1936, sur ordre du gouvernement canadien, tous les jeunes Innus de Mashteuiatsh sont arrachés à leurs parents pour être envoyés au Nord dans un pensionnat tenu par des missionnaires catholiques.

Trois très beaux livres, parfois durs, toujours emprunts de poésie et du courage des Innus, notamment des femmes.

 

CINQ PETITS INDIENS, de Michelle Good

Michelle Good est une auteure crie appartenant à la nation Red Pheasant. Elle a travaillé comme avocate auprès des survivants des pensionnats pendant plus de vingt ans. Dans son livre sorti en 2023, elle décrit l’existence, dans les années 1960, dans un quartier pauvre de Vancouver, de cinq de ces survivants qui essaient comme ils peuvent de dépasser leur immense traumatisme.

 

MANIKANETISH, de Naomi Fontaine

Naomi Fontaine, née en 1987 dans la communauté innue, est à la fois romancière et enseignante. Son livre raconte, par la voix d’une enseignante de français, la vie, sur une réserve innue de la Côte-Nord, de jeunes qui cherchent à se prendre en main.

 

LE PEUPLE RIEUR, de Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque

Chronique de la vie du peuple innu par un anthropologue canadien. Ce récit commence dans la nuit des temps et se poursuit à travers les siècles, jusqu’aux luttes politiques et culturelles d’aujourd’hui.

 

JEU BLANC  (traduction de INDIAN HORSE)de Richard Wagamese 

Saul Indian Horse, indien ojibwé, raconte son histoire : son enfance ojibwée avec sa grand-mère, son exil obligatoire dans un pensionnat, sa carrière de hockeyeur sur glace surdoué, freinée par le racisme qui règne dans les années 1970 au Canada, y compris au sein du sport national.

Ce roman est écrit par un auteur lui-même ojibwé.

 

NITASSINAN, de Julien Gravelle

Neuf destins, cinq siècles d’histoire : le roman d’une terre, le Nitassinan (en jaune et rouge sur cette carte), la terre des Innus.

Les Innus habitent le Nitassinan depuis 8 000 ans. Depuis 400 ans, des européens venus en colons occupent le territoire, surtout pour l’exploitation des ressources naturelles. Les Innus se répartissent en 12 communautés, dix au Québec et deux au Labrador.

S’imaginer AUTOCHTONE en lisant.

                               ÉPISODE 3 :                                                                                                   Australie

 

LE CHANT DES PISTES, de Bruce Chatwin

Un livre mythique qui parle des mythes fondateurs aborigènes.

En 1987, Bruce Chatwin nous emmène en Australie où il entreprend un périple pour comprendre les traditions aborigènes. Il sillonne l’outback (l’arrière-pays), ce qui lui permet de découvrir le monde des « songlines » (chants des pistes), concept fondamental de la culture aborigène. Ces itinéraires invisibles sillonnent tout le territoire australien et sont ancrés dans le mythe fondateur aborigène. Selon cette tradition, aux origines du monde, au « Temps du Rêve », les êtres ancestraux ont marché à travers le pays. A chaque pas, ils nommaient en chantant les éléments qu’ils croisaient – arbres, rochers, plaines, collines -, donnant ainsi naissance au monde tel qu’on le connait aujourd’hui. Ces chants constituent non seulement des mythes, mais aussi des guides topographiques d’un grande précision.

 

MESSAGE DES HOMMES VRAIS AU MONDE MUTANT, de Marlo Morgan

L’aventure d’une américaine, chargée de l’élaboration de programmes éducatifs en matière de médecine préventive et sociale, qui va se trouver propulsée, pieds nus, en tenue traditionnelle, dans le bush australien et qui va vivre une initiation au mode de vie aborigène.

 

RÊVES EN COLÈRE, de Barbara Glowczewski

Les souffrances des peuples aborigènes et leurs stratégies de survie.

 

LA TERRE ROUGE A BU LE SANG, de Jean-François Chabas

A la fin du XVIe siècle, deux extraterrestres en mission secrète côtoient les peuples aborigènes, vivent en parfaite harmonie avec eux et voient peu à peu leur part d’humanité grandir.
L’arrivée des colons anglais entraîne violence et injustices pour les autochtones. Révoltés face à ce traitement, les extraterrestres ne peuvent rester impuissants. Un livre plein d’humanité, distrayant, pour adolescents et adultes.

 

L’APPEL DU CACATOÈS NOIR, de John Danalis

Un livre fantastique, l’incroyable épopée d’un australien pour restituer un crâne aborigène. La rencontre pleine d’humanité de deux cultures, l’ouverture au monde aborigène d’un citadin qui n’y était pas destiné.

John Danalis a grandi avec un crâne aborigène dans son salon, qu’il tient de son père, collectionneur. C’est seulement à 40 ans qu’il comprend l’horreur de la situation. Emporté par l’élan de sa prise de conscience, il décide de tout mettre en œuvre pour restituer Mary – nom affectueusement donné au crâne – à son peuple…

 LE CINEMA AUTOCHTONE EXISTE.

                       Episode 3 :                                                                                                  le Canada

L’ONF (Office national du film du Canada) offre sur son site une large collection de films autochtones en libre diffusion. Un excellent moyen de découvrir de nombreux peuples premiers. Vents du Monde vous a sélectionné quelques pépites.

 

Dans Le totem d’origine de G’psgolox, tourné pour l’ONF en 2003, le cinéaste Gil Cardinal documente le long combat de la nation Haisla de la Colombie-Britannique pour récupérer un totem mortuaire de neuf mètres de haut fabriqué en 1872 et amené au Musée ethnographique de Stockholm, en Suède, en 1928.

Ce totem est retrouvé dans ce musée en 1991. Malgré d’intenses efforts, les Haisla ne réussissent pas dans un premier temps à rapatrier leur totem.

Or, en 2006, le musée suédois décide de rendre le précieux objet à ses propriétaires légitimes contre une réplique.

Ce deuxième documentaire, Totem : rapatriement et renouveau, tourné en 2007, relate les événements entourant le retour définitif du totem G’psgolox chez lui, à Kitamaat.

 

Deux films documentaires de 1969 réalisés par Michael Kanentakeron Mitchell, un Kanien’kéhaka (Mohawk) de Akwesasne, un des territoires iroquois du Canada. Michael Kanentakeron Mitchell est plus tard devenu le grand chef d’Akwesasne.  Ces indiens se nomment eux-mêmes Kanien’kéhaka , « peuple de la lumière », et sont nommés Mohawks, « mangeurs d’hommes » par leurs ennemis héréditaires, les Algonquins.

Ces gens sont mon peuple

C’est le premier film réalisé par l’Indian Film Crew, première équipe de production entièrement autochtone de l’ONF (Office National du Film du Canada). Il a été tourné à Akwesasne. Deux porte-parole expliquent les aspects historiques et autres de la religion, de la culture et du gouvernement de la maison-longue, qui sont imbriqués. Ils réfléchissent sur l’impact de l’arrivée des colons sur le mode de vie autochtone et sur ce que l’avenir peut apporter.

Vous êtes en terre indienne

Ce film est l’une des œuvres les plus influentes et les plus diffusées à être issues de l’Indian Film Crew. Il relate la manifestation, en 1969, des Kanien’kéhaka d’Akwesasne, un territoire qui chevauche la frontière canado-américaine. Lorsque les autorités canadiennes décident de leur imposer des taxes sur leurs achats effectués aux États-Unis – contrairement à ce qui avait été établi par le traité Jay de 1794 –, les Kanien’kéhaka bloquent le pont international entre l’Ontario et l’État de New York. Vous êtes en terre indienne a été montré à travers le continent, aidant à mobiliser une nouvelle vague de militants autochtones.

 

Kanata : l’héritage des enfants d’Aataentsic

Documentaire de 1998  d’une densité poétique et personnelle sur la nation huronne-wendat. René Siouï Labelle retrace l’itinéraire de ses ancêtres. Il arpente le territoire, recueille des images. Le passé méconnu émerge de ces rencontres avec des femmes et des hommes inspirés. La plupart sont originaires de Wendake, situé à huit kilomètres au nord-ouest de la ville de Stadaconé, jadis décrite par le chef Donnacona comme le grand village, ou « Kanata », lors d’une rencontre avec Jacques Cartier. Y seront évoqués le rapport entre l’être humain et son environnement, la reconnaissance et la transmission du patrimoine, la défense des droits des Amérindiens, et une spiritualité unique fondée sur la diplomatie et le respect.

 

Le chemin rouge

Ce court-métrage documentaire de 2015 nous amène au coeur d’un véritable pow-wow traditionnel. En suivant le parcours de Tony Chachai, jeune autochtone en quête d’identité, la cinéaste originaire de Manawan se penche sur la culture, le passé et la transmission du savoir et des connaissances au sein des membres d’une communauté atikamekw. Mu par le désir de renouer avec sa famille et ses racines, Tony Chachai livre un témoignage touchant sur le chemin qui l’a ramené auprès des siens. À l’aube de devenir père, il prend conscience de la richesse de cet héritage et célèbre ce passé en dansant dans un pow-wow aux côtés de son cousin.

S’imaginer AUTOCHTONE en lisant.

                               ÉPISODE 2 :                                                                                                   Amazonie

Un livre exceptionnel de Serge Guiraud dévoilant vingt mythes fondateurs de peuples amazoniens, avec plus de 250 sublimes photographies de l’auteur.

Serge Guiraud, photographe, réalisateur de films documentaires et ethnographe, spécialiste de la culture matérielle des Amérindiens du Brésil, parcourt le bassin amazonien depuis plusieurs décennies pour étudier les relations entre les populations tribales et le “monde du dehors”. Il est président fondateur de Jabiru Prod, une association qui collabore avec les Amérindiens à la mise en patrimoine de leur culture. Les actions, menées essentiellement dans le Brésil central, soutiennent des projets de valorisation et de réappropriation du patrimoine matériel et immatériel amérindien. En partenariat avec des musées français, l’association forme des équipes de vidéastes indigènes à l’utilisation de la vidéo comme moyen de transmission et de préservation de leur culture.

Le site internet de cette association, amazonie-indienne.com, est extrêmement riche en photographies et en informations sur les peuples indigènes brésiliens. En particulier, il présente un magazine dont la consultation est gratuite.

 

Deuxième livre passionnant, PALETÓ ET MOI, de Aparecida Vilaça.  En 1986, cette jeune anthropologue brésilienne rejoint pour l’étudier le peuple des Wari’ au cœur de la forêt amazonienne ; c’est le début d’une aventure de trente ans et la découverte d’un père adoptif. Ce livre est le récit de ce peuple et de cette relation filiale.

 

Pour finir, un livre de contes.

 

Ce livre fait partie d’une très belle collection : Contes des sages, chez Seuil, qui explore les contes de nombreux lieux sur la planète, et donc d’un certain nombre d’autres peuples autochtones.

 

 LE CINEMA AUTOCHTONE EXISTE.

                       Episode 2 :                                                                                                  l’AMAZONIE

 

LE CHANT DE LA FORÊT , un film de João Salaviza et Renée Nader Messora de 2019

Ce soir, dans la forêt qui encercle ce village au nord du Brésil, le calme règne. Ihjãc, un jeune indigène de la tribu Krahô marche dans l’obscurité, il entend le chant de son père disparu qui l’appelle. Il est temps pour lui d’organiser la fête funéraire qui doit libérer son esprit et mettre fin au deuil. Habité par le pourvoir de communiquer avec les morts , Ihjãc refuse son devenir chaman. Tentant d’échapper à son destin, il s’enfuit vers la ville et se confronte alors à une autre réalité : celle d’un indigène dans le Brésil d’aujourd’hui.

 

La fleur de Buruti, un film de João Salaviza et Renée Nader Messora de 2024

A travers les yeux de sa fille, Patpro va parcourir trois époques de l’histoire de son peuple indigène, au cœur de la forêt brésilienne. Inlassablement persécutés, mais guidés par leurs rites ancestraux, leur amour de la nature et leur combat pour préserver leur liberté, les Krahô n’ont de cesse d’inventer de nouvelles formes de résistance.

 

L’étreinte du serpent, un film de Ciro Guerra de 2015

Karamakate, un chaman amazonien puissant, dernier survivant de son peuple, vit isolé dans les profondeurs de la jungle. Des dizaines d’années de solitude ont fait de lui un chullachaqui, un humain dépourvu de souvenirs et d’émotions. Sa vie est bouleversée par l’arrivée d’Evans, un ethnobotaniste américain à la recherche de la yakruna, une plante sacrée très puissante, possédant la vertu d’apprendre à rêver. Ils entreprennent ensemble un voyage jusqu’au cœur de la forêt Amazonienne au cours duquel,  passé, présent et futur se confondent, et qui permettra à Karamakate de retrouver peu à peu ses souvenirs perdus.

 

DOCUMENTAIRES

Nombreux sur internet, notamment sur Arte. En voici une petite sélection.

Profession explorateur : Raoni, indien kayapo

Le barrage de trop

Amazonie : à la découverte des Massaco, un peuple autochtone inconnu – Le dessous des images

Amazonie – Enquête au coeur des luttes indigènes

 

              2 INVITES AU CAFE LITTERAIRE ,                 samedi 8 novembre, Auditorium 10h30 – 12h30

MOHAMMED EL AMRAOUI

Pour son livre Migration, une histoire de la migration de ces hommes et femmes qui « s’attaquent à la forteresse Europe ». Un long texte en vers, en trois parties : le désert, la mer, les limbes. Un texte de lecture parfois complexe, dans lequel il faut accepter d’entrer et d’avancer lentement ; des vers écrits avec une langue simple, d’une grande beauté, où les mots, qui sonnent juste, jouent entre eux, peut-être pour rendre supportable le désespoir et la sensation d’impuissance qui se dégagent de ces vers. Cette concision du propos renforce ces sentiments, nous laissant seuls avec notre conscience.

Poète et traducteur, né à Fès au Maroc en 1964, Mohammed El Amraoui écrit en français et en arabe. Il se produit dans différents lieux et festivals.

Extrait de la deuxième partie : La mer

pages 57 et 58.

« De l’eau ! dit l’enfant

L’enfant

les lèvres gercées

petites feuilles à nervures creusées

prêtes à tomber

De l’eau ! dit l’enfant

La mère mélange lait et eau de mer

dans le biberon

l’enfant recrache

les lèvres les yeux fanés

la mère le père marmonnent prières

promptes broyées

Il est froid !

La mère resserre la masse éteinte le cou

flétri

C’est la mort, dit quelqu’un

Les yeux des autres tus

les yeux des autres demi-vivants

Il est minuit

Le croissant recourbe sa lame

et fait un croche-pied au destin

dit le père

Ce qui est écrit est écrit

dit quelqu’un

et ça s’écrit avec la lame

dans nos petits cœurs dit le père

et jette le corps

par-dessus bord

L’eau sombre grande gueule de

torrents qui avale

tout

L’enfant tombé

L’ombre restée dans les bras

Juste

la forme d’un bercement – »

 

DALYA DAOUD

 

Cette auteure nous parlera de son premier roman, Challah la Danse, publié aux Editions Le Nouvel Attila.

Elle y décrit, avec beaucoup d’affection, partant de souvenirs largement personnels, la vie dans un lotissement ouvrier d’un village des Monts du Lyonnais, situé à proximité de l’usine de tissage. Cette chronique se déroule de 1983 à 1998, s’attachant au quotidien d’une dizaine de familles, et notamment à celui des jeunes qui vont grandir dans ce lotissement.
Un récit parfois drôle, parfois émouvant.

Avant de se consacrer uniquement à l’écriture, Dalya Daoud a été journaliste, puis rédactrice en chef de Rue89Lyon, site internet d’information locale qu’elle a co-fondé en 2012.

Extrait : Les Bonbons                                                                                          1987, Usine Brocard Frères
[Smaïl, maintenant en invalidité, a travaillé dans cette usine de textiles et vit   au Lotissement avec ses enfants, dont le dernier, Bassou, vient d’étudier au collège La révolte à deux sous, de Bernard Clavel]

pages 79-80

Bassou aurait voulu parler avec Smaïl de son travail à l’usine, lui demander si les étoffes qu’il avait transportées avaient été de la soie, comme chez les canuts, mais il n’osait pas. Il craignait de le blesser ou de l’entendre une fois encore parler de la mort. Bassou but d’un trait son verre de lait froid sans laisser le temps à l’Ovomaltine de s’y dissoudre et Smaïl s’aperçut que son fils le regardait de manière insistante.
Plus tard, il demanda à sa soeur Jihane :
« – Mais le papa, c’était un canut ?
– Qu’est-ce que tu racontes. Les canuts, ça n’existe plus. C’était une autre époque.
– Le papa était quand même pas payé au mètre de tissu ?
– Mais non, imbécile. Tu as cru qu’il était né dans quel siècle ? Il recevait un salaire, j’en sais rien, cinq mille francs par mois, peut-être.
– Mais c’est rien du tout, ça. En fait, ils auraient pu se révolter eux aussi.
– Pour quoi faire ?
– Pour un meilleur salaire, je sais pas.
– Tu les vois, les vieux du Lotissement, taper un zbeul à l’usine ? T’as de ces idées. Qu’est-ce qui te prend, depuis quand l’usine et le travail du papa t’intéressent ? »
  Y en a qui ont été pendus dans le livre, des agitateurs et des grévistes qu’on avait fait taire pour l’exemple, pour que passât chez les autres l’envie de réclamer. S’ils s’étaient révoltés, que leur serait-il arrivé, aux ouvriers Brocard ? Y avaient-ils seulement songé ? Qui aurait noué la corde au cou de Hassan Amrouche ou de Bouzid Fahd parce qu’ils auraient demandé davantage d’argent ? Pour Bassou, la nuque de son père était brisée depuis longtemps. Smaïl n’avait plus mis les pieds dans l’usine depuis plusieurs années mais il en parlait comme s’il lui appartenait encore. Il espérait qu’elle ne l’avait pas oublié.

LE CINEMA AUTOCHTONE EXISTE.

                 Episode 1 :                                                                                                       l’AUSTRALIE

Découvrez les aborigènes d’Australie à travers des films.

My name is Gulpilil, un film documentaire de Molly Reynolds de 2022

Arraché au bush australien alors qu’il n’était qu’un jeune garçon, David Gulpilil va devenir la première icône aborigène sur grand écran. Partagé entre les traditions de son peuple et les excès hollywoodiens, l’acteur et danseur aux multiples talents nous raconte le voyage extraordinaire qu’a été sa vie.

Vous pouvez le visionner sur le site Universciné.

 

Charlie’s country, un film de Rolf de Heer de 2014

Charlie est un ancien guerrier aborigène. Alors que le gouvernement amplifie son emprise sur le mode de vie traditionnel de sa communauté, Charlie se joue et déjoue des policiers sur son chemin. Perdu entre deux cultures, il décide de retourner vivre dans le bush à la manière des anciens.

Existe en DVD.

 

Le pays où rêvent les fourmis vertes, un film de Werner Herzog de 1984

Au cœur des paysages lunaires du nord de l’Australie, deux communautés aborigènes vénèrent depuis des dizaines de milliers d’années un territoire sacré. D’après la pensée magique qui les anime, c’est là que les fourmis vertes s’arrêtent pour rêver, donnant naissance aux hommes. Lorsqu’une compagnie minière commence à mener des tests géologiques sur ce site dans l’espoir d’extraire de l’uranium, une délégation des deux tribus tente de s’opposer au chantier. Intrigué par l’obstination et la singulière conception du monde des Aborigènes, Lance Hackett, géologue employé par la société, s’improvise comme intermédiaire entre les deux parties…

Commentaires sur le film par dvdclassik

Vous pouvez visionner ce film sur Arte boutique

 

Le chemin de la liberté, un film de Phillip Noyce de 2002

ou l’histoire de trois enfants appartenant aux « générations volées », nom donné aux enfants aborigènes métis enlevés à leurs familles pour être éduqués à l’européenne.

S’imaginer AUTOCHTONE en lisant.

                               ÉPISODE 1 :                                                                   De Seattle à l’Australie par Samoa.

De nombreux livres ont été écrits sur les autochtones, peu de livres ont été écrits par des autochtones, quasiment toujours dans la langue de la population dominante sur le territoire où vivent ces autochtones.
La plupart des quatre à cinq mille langues autochtones parlées sur la Terre n’ont d’ailleurs qu’une expression orale. Il existe cependant des exceptions comme l’inuktitut, dont nous reparlerons prochainement.

 

LE PAPALAGUI. Propos recueillis par Erich Scheurmann.

Né le 24 novembre 1878 à Hambourg et mort en 1957, Erich Scheurmann a été à la fois peintre, écrivain et conteur. Peu de temps avant le début de la Première Guerre mondiale, il se rend à Samoa où il vit pendant plus d’un an. Au printemps de 1915, il gagne les États-Unis, puis rejoint l’Allemagne avant la fin de la guerre. Son livre, Le Papalagui est paru en 1920 en Allemagne, mais il aura fallu attendre le début des années 80 pour qu’il paraisse en français.

Le Papalagui  a la particularité d’avoir comme narrateur Touiavii, chef de la tribu de Tiavéa. Erich Scheurmann retransmet les propos de ce chef, sa vision, ses critiques sur le papalagui, nom donné à l’homme blanc vivant en Europe au début du XXe siècle. Ecrit il y a plus d’un siècle, ce livre est toujours d’une actualité brûlante et pousse à réfléchir.

Extrait de l’introduction : « Quand je transmis cependant sans qu’il le sache, et certainement à l’encontre de son désir, les discours de cet aborigène au lectorat européen, il ressortit de la traduction que cela pourrait être important pour nous, Blancs éclairés, d’expérimenter comment les yeux d’un homme encore étroitement lié à la nature nous appréhendaient, nous et notre culture. »

 

LES PLAINES DE L’ESPOIR, d’Alexis Wright, un roman sur l’enlèvement par l’Etat australien de 1910 à 1970 des enfants aborigènes à leur famille pour les placer dans des pensionnats afin de les « blanchir ».

 

LE DISCOURS SANS FIN,                                                                                                                    ou comment le chef Seattle n’a pas dit ce qu’on dit qu’il a dit

Le récit par Isabelle Marrier de l’histoire de ce discours fait en 1854 par le chef Si’ahl au gouverneur envoyé par le président des Etats-Unis, discours de portée universelle, jamais consigné et pourtant repris dans d’autres discours au cours de tout le vingtième siècle, étant devenu un discours écologique emblématique.

        Mais qui sont les peuples autochtones ?

Plus de 476 millions de personnes autochtones vivent dans 90 pays du monde, ce qui représente 6,2 % de la population mondiale. Parmi eux, on compte plus de 5 000 groupes distincts.

 

 

Les peuples autochtones parlent une majorité écrasante des quelque 7 000 langues existant dans le monde (entre 4000 et 5000 langues, la moitié d’entre elles étant vouées à disparaître d’ici à 2100).

 

 

Les populations autochtones sont des groupes sociaux et culturels distincts qui ont en commun une continuité historique avec un territoire donné avant la colonisation et entretiennent un lien fort avec leurs terres. Ces populations ont des liens ancestraux collectifs avec les ressources naturelles et les terres où elles vivent, qu’elles occupent ou dont elles ont été déplacées. Ces terres et ressources dont elles dépendent sont intrinsèquement liées à leur identité, leur culture, leur subsistance économique, ainsi qu’à leur bien-être matériel et spirituel.

Les peuples autochtones maintiennent, du moins en partie, des systèmes sociaux, économiques et politiques qui leur sont propres. Ils ont des langues, des cultures, des croyances et des systèmes de connaissances distincts. Ils sont déterminés à maintenir et à développer leur identité et leurs institutions distinctes et ils constituent un secteur non dominant de la société.

 

 

Alors qu’ils possèdent, occupent ou utilisent seulement un quart de la surface de la planète, les peuples autochtones protègent 80% de la biodiversité mondiale. En outre, selon des études récentes, les terres forestières qui sont sous le contrôle de communautés autochtones détiennent au moins un quart des stocks de carbone aérien des forêts tropicales et subtropicales. Les populations autochtones possèdent une expertise et un savoir ancestral qui leur permettent de s’adapter aux risques liés au changement climatique et aux catastrophes naturelles, mais aussi de les atténuer et d’en réduire la portée.

 

 

Si une grande partie des terres occupées par les peuples autochtones leur appartient au titre du droit coutumier, de nombreux gouvernements ne leur reconnaissent la propriété officielle ou légale que d’une infime fraction de ces territoires. Et même en cas de reconnaissance officielle, les moyens de protection des limites de territoire ou d’utilisation et d’exploitation des ressources naturelles sont souvent insuffisants. Cette insécurité foncière est un facteur de conflit, de dégradation de l’environnement et de développement économique et social limité. Elle menace la pérennité des cultures et de systèmes de savoir essentiels, et ces pertes culturelles accentuent les risques de fragilité, le recul de la biodiversité, la dégradation des systèmes de santé environnementale et animale, mettant en péril les services écosystémiques dont nous dépendons tous.

Données Organisation des Nations Unies.

Photos : un bushman de Namibie, un Inuit, deux indiennes d’Amazonie.

S’imaginer migrant un instant en lisant…

ÉPISODE 4 : Qui sont ces migrants dont on parle tant, en Australie, aux USA, en Europe…?

ou COMMENT DÉCONSTRUIRE DES PRÉJUGÉS ?

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                                                                                                                                                              Catherine Wihtol de Wenden est directrice de recherche émérite au CNRS, politologue et membre du comité d’orientation de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration. Elle apporte un éclairage précis, chiffré sur le phénomène migratoire qui a toujours existé et existera toujours. Savez-vous par exemple
que les migrations Sud-Sud prennent le pas sur les migrations Sud-Nord ?
                                                                                                                                                              Avec la mondialisation, dans un monde qui repose sur les mobilités, pourquoi la question de l’immigration donne-t-elle lieu à autant de crispations sociales et identitaires ? Les recherches rigoureuses et objectives de Catherine Wihtol de Wenden, d’une lecture facile, avec, dans l’Atlas réactualisé une septième fois en 2025, plus de 100 cartes, permettent de se forger sa propre idée sur le sujet et d’échapper ainsi aux idées reçues trop souvent entendues.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                Ci-dessous, petite brochure de 88 pages qui en dit long ! Réalisée par Ritimo, réseau d’information et de documentation pour la solidarité et le développement durable.